Tout le monde dormait, ou presque. Le seul lit vide était celui d’Opium, bien évidemment. Alors qu’elle était sortie du dortoir, les derniers qui travaillaient encore ou les tableaux ne semblait pas faire attention à cette ombre qui comme à son habitude préférait la lune au soleil et l’air frais au feu de cheminé qui crépitait par tout dans la cheminée. Tel un animal sauvage, l’irlandaise était née pour vivre dehors, pour avoir froid et chopée la crève. Elle n’était pas de ces personnes qui avaient froid pour un rien et qui préférait rester à l’intérieur à lire ou d’autres activités plus intellectuelles. Beurk, très peu pour elle. Habillée d’un jeans et d’un T-shirt à manche longues, Opium avait besoin de réfléchir, de se retrouver au calme, dehors. L’ABSU lui prenait pas mal de temps et entre les fêtes, les autres et les cours (même si elle n’y allait pas souvent) Opium se sentait souvent sur les nerfs et la meilleure chose à faire était de s’isoler loin des autres et penser. A tout et n’importe quoi, juste pour décompresser et ne pas exploser comme elle le faisait parfois. Dans ces cas là, la plupart la prenait pour folle, même London qui pourtant la connaissait plus que bien, l’un des rares qui arrivaient à faire avec cette facette de sa personnalité, un des rares qui étaient proche d’elle et à qui elle faisait confiance. C’était étrange, mais c’était bien d’avoir un ami aussi proche et qui acceptait avec une telle facilité ses sautes d’humeurs, surtout lorsque parfois il en était à l’origine. Le cas London. Toute une histoire.

En quelques minutes et après avoir usé d’un passage secret qu’elle connaissait et qui menait dehors près de la forêt interdite, la verte et argent se dirigea vers le par cet après avoir repéré un banc solitaire loin du château, elle s’y installa tranquille écoutant les bruits autour d’elle et l’absence de paroles humaines. C’était si reposant, alors qu’elle ferma les yeux durant quelques secondes un bruissement d’ailes lui fit les rouvrir et mi-amusée, mi-surprise Opium vit à côté d’elle, sur le dossier du banc son hibou Hadès qui apparemment devait finir de chasser voyant la queue de souris qui s’engouffra dans sa bouche pour disparaître. Tendant le bras pour qu’il puisse s’y appuyer, Opium laissa son sourire s’agrandir alors qu’Hadès prit immédiatement place et d’un geste machinal, la jeune femme commença à caresser les plumes douces de son oiseau. Etrangement, ils étaient bien assortis, tous les deux au caractère si exécrable que le propriétaire du magasin n’eut pas réussit à le vendre tellement il était caractériel. Pourtant lorsqu’Opium l’avait vu, elle sut très vite qu’elle allait pouvoir s’amuser avec un tel oiseau. Au début ses doigts fut couvert de griffures et de marques mais peu à peu l’un comme l’autre réussirent à s’habituer à cette relation et Opium était l’une des rares personnes qu’Hadès n’attaquait pas s’il n’avait pas dans la minute une récompense. Quand je vous disais qu’ils s’étaient bien trouvés.

Pourtant après quelques minutes, Hadès s’envola sans demander son reste ce qui ne lui ressemblait pas. Quelques secondes plus tard elle entendit des pas feutrés. Se retournant, elle fut des plus surprise lorsqu’elle fit fasse à un chien loup qui ne semblait pas du tout effrayée par sa présence. Etrange, trop étrange. Laissant l’animal s’approcher, la jeune femme resta dubitative en ce qui concernait l’animal. Venait-il de la forêt ou de Pré-Au-Lard ? Habituée à toute sorte d’animaux depuis son passage dans le cirque où elle avait grandit, on ne pouvait pas dire que la Calaghan était impressionnée après tout elle avait déjà côtoyé des fauves plus dangereux et de toute façon elle était capable de se défendre mais faire du mal à un animal n’était jamais quelque chose qu’elle appréciait. Encore les humains, ça pouvait passer mais bon les animaux … Restant silencieuse, Opium ne quittait pas le chien-loup des yeux, afin de voir à quoi elle avait affaire.

La nuit avait l’étrange capacité de calmer et apaiser les esprits. Certains se contentaient de tomber dans les bras de Morphée alors que d’autres, plus rares cependant, préféraient sortir à ce moment afin de faire face à la solitude, au calme et à des choses que l’on ne peut voir qu’une fois le soleil disparu. Il y avait tant à découvrir quand la lune vous faisait grâce de sa lumière étrange et que des animaux nocturnes remplaçaient les bêtes diurnes. C’était un tout autre univers qui s’offrait à celui qui osait casser l’horloge biologique habituelle. Il suffisait de rester éveillé quelques heures et pourtant peu de gens tentaient cette expérience. Incultes ! Certains pensaient que le soleil avait des particularités bénéfiques sur le corps mais ils étaient loin de se douter de ceux de la lune, solitaire et puissante. En l’absence de la chaleur de l’astre solaire, on pouvait profiter de la fraîcheur et du calme. Bye bye les oiseaux qui chantent à tue-tête et bonjour madame la chouette qui s’éveille tout juste.

Shawn avait pris pour habitude, il y avait déjà quelques années de ça, de se balader une fois que la nuit était tombée afin de se retrouver seuls avec ses instincts primaires. Il y avait effectivement des moments où le besoin de courir à en perdre haleine était le plus fort. Sa forme d’être humain ne lui permettait pas de profiter de tous les plaisirs de la nature, aussi il n’hésitait jamais quand il devait prendre sa forme de chien-loup. Généralement, il ouvrait la fenêtre de sa chambre – située au rez-de-chaussée – et effectuait sa transformation au calme puis sortait en effectuant un petit bond à travers l’espace qu’il s’était laissé. Ni vu, ni connu. Cette nuit n’échappa pas à la règle. Aussi, une fois qu’il eut quitté sa chambre et que ses pattes foulèrent le sol herbeux, une multitude de fragrances diverses parvinrent à ses narines. Il inspira un grand coup, ferma les paupières, et essaya de déterminer ce qui pouvait être à l’origine de chaque odeur. L’un d’elle attira son attention : un parfum féminin. Il n’aurait su dire si c’était une simple odeur corporelle ou un réel parfum vendu en magasin tellement la chose était subtile. Il rouvrit les yeux, scrutant son environnement de ses yeux noisette et partit en courant afin de trouver d’où venez cette odeur qui lui rappelait quelqu’un.

Lancé dans sa course, ses pattes semblaient ne plus toucher le sol et pourtant on pouvait toujours entendre son pas feutré au fur et à mesure qu’il avançait. Bientôt, le sol herbeux se transforma en un dallage blanc. Il ralentit alors son allure et se mit à marcher tranquillement, les sens en éveil. Il se rapprochait de cette odeur, il en était sûr et certain. Sa vision monochromatique ne le dérangeait pas plus que cela étant donné qu’il faisait déjà nuit et que, par conséquent, les seules teintes visibles étaient un camaïeu de noir et de blanc. Shawn laissait aisément place à ses instincts et pouvait ainsi interagir avec son environnement sans craindre de se prendre un arbre en pleine face ou de tomber après avoir buté contre un caillou. Sa démarche était pleine d’aisance, de calme, et pourtant son regard pétillant démontrait qu’il lui tardait de trouver cette inconnue.

Son odorat le guida vers le parc, silencieux et calme. Des effluves d’odeurs venant des plantes arrivèrent à ses narines, se mêlant ainsi au parfum de la jeune femme qu’il pistait. Un battement d’aile. Hum, un hibou ? Que faisait-il ici ? Sûrement en train de faire la chasse aux rongeurs. Il leva la tête un instant pour voir l’animal s’éloigner en volant, ne voulant visiblement pas se faire croquer par le chien-loup. S’il avait pu, nul doute que Shawn aurait souri jusqu’aux oreilles, mais sous cette forme seuls ses yeux pouvaient montrer sa malice. Le jeune assistant continua d’avancer jusqu’à se retrouver face à face avec une élève de Serpentard qu’il avait déjà croisé. Une personne pleine de caractère et d’ingéniosité d’après lui, mais elle avait encore beaucoup à apprendre. Elle le dévisageait désormais, visiblement plongé dans sa réflexion mais cela n’empêcha pas l’Animagus de faire quelques pas vers elle, la tête haute. Il stoppa soudain, sans raison apparente, à un mètre d’elle et baissa la tête. Les oreilles ainsi postées en avant, il était évident qu’il n’était pas agressif et sa position n’indiquait qu’une chose : il voulait jouer. Il se mit à sautiller devant elle en jappant, l’invita à la rejoindre dans son jeu. Attrape-moi si tu peux, semblait-il lui dire. Après tout, il n’y avait qu’eux dans ce parc, et il était bien trop tôt – d’après Shawn – pour se reposer. Shawn alla même jusqu’à lui donner un petit coup sur la cheville avant de faire un bond en arrière, à la manière d’un chiot qui voulait attirer l’attention de son maître. Qui aurait cru que derrière un animal aussi enjoué se trouvait en réalité un jeune assistant en cours de Métamorphose, à peine plus jeune que les élèves en dernière année.

Le vent se mit à souffler doucement, faisant ainsi frissonner la cime des arbres et faisant s’agiter doucement le pelage épais et noir de l’Animagi qui ferma les yeux un instant pour profiter de cette brise agréable. L’éclat de la lune permettait de voir les nuances de son pelage, tantôt noir, tantôt ambré mais aussi blanc comme la neige au niveau de la pointe de ses pattes. On avait là une magnifique bête au maximum de sa forme et dans un état d’esprit plus que joyeux et affectueux... certain aurait plutôt dit « chiant » mais bon, vous savez, tout dépend du point de vue n’est-ce pas ? Il aboya dans la direction de la jeune femme en faisant mine de se cacher derrière... un brin d’herbe ?? Oh vous savez, il en faut peut pour s’amuser quand on est un chien. Et, de même, il en fallait peu pour Shawn pour chercher à embêter quelqu’un ou à le faire tourner en bourrique. C’était dans sa nature : il aimait le contact avec les gens et ne supportait pas de rester statique. Il fallait qu’il bouge, tout le temps ! Alors imaginez dans quel état le pauvre Animagus pouvait bien être après une journée enfermé dans une salle de classe, à ne pas pouvoir courir, parler. Un vrai calvaire qui, pourtant, était nécessaire s’il voulait pouvoir un jour prétendre au titre de professeur de Métamorphose.

La plupart des gens arrivaient à décompresser en compagnie des autres, ils suffisaient juste qu’ils soient en bonne compagnie près d’un feu pour que tous leurs problèmes s’envolent et qu’ils deviennent plus calmes, plus sereins la seconde d’après. C’était une faculté que la jeune femme avait toujours enviée aux autres, elle qui n’était pas capable de rester calme une journée entière, elle qui était obligée de partir loin des autres pour être au calme et sentir durant quelques minutes de sérénité que d’autres arrivaient à obtenir si facilement … c’en était rageant. Mais l’irlandaise s’était faîte à cette situation et dorénavant il était plus que courant de la voir le soir errer dehors seule, à regarder droit devant elle comme si elle assistait à un spectacle imaginaire ou l’entendre marmonner une chanson. C’était son échappatoire, sa seule issue. D’ailleurs si l’irlandaise était une Animagus non déclarée, c’était aussi pour cette raison. Sous cette forme si primaire, si sauvage, elle sentait toutes ses contraintes l’abandonner alors qu’elle était une louve. Comprendre Opium était quelque chose de bien difficile, lorsque l’on croyait l’avoir enfin cerné, elle faisait tout pour que vous croyez le contraire et elle y arrivait avec une facilité à faire peur.

Mais dans ces moments là, il était très déconseillé de la déranger ou même de lui parler, de lui montrer que vous êtes là. Ces moments de calmes étaient tellement importants pour elle qu’elle était capable de tout pour les retrouver, ne serait-ce qu’une fraction de seconde. Et croyez-moi Opium était toujours capable de montrer les crocs. Toujours retournée face au chien loup, la jeune femme ne lâchait de ses prunelles vertes l’animal qui durant quelques secondes ne bougea pas comme la jugeant. Si cela avait été un humain, elle l’aurait renvoyé sans plus de cérémonie mais pourtant la présence de l’animal ne la dérangeait en rien. Du moins au début. S’il se tenait calme alors cela lui convenait parfaitement. Ayant vécu durant plusieurs années auprès des bêtes, il n’était pas rare d’entendre la jeune femme dire qu’elle avait plus de considération envers les animaux qu’envers les humains. Car si ces derniers étaient fourbes et menteur, un animal ne réagissait qu’à des instincts de survie et montrait toujours ce qu’il voulait, ce qu’il pensait. Un chien qui vous mord ne le fait pas parce qu’il n’aime pas votre tête ou parce que dans le passé vous avez fait quelque chose de mal, non il le fait parce qu’il se sent menacé, que vous présenter une menace. Et à y réfléchir la Calaghan réagissait pareil. Vous êtes une menace, elle vous exclu de son monde sans la moindre douceur, vous lui avez fait du mal de n’importe quelle manière que ce soit, elle ne vous adressera plus jamais la parole. C’était aussi simple que cela, à croire qu’elle n’avait pas évolué comme ses camarades qui avaient aussi la faculté de pardonner, la miséricorde pour les croyants, le pardon pour les autres. Opium elle, ne pardonnait jamais. Plutôt crever, voilà c’était dit.

Regardant le chien-loup, elle était toujours fascinée par la beauté des fauves et des félins. Il suffisait de voir la manière dont se déplaçaient ces derniers pour comprendre qu’ils étaient le parfait mélange entre la grâce et le monde sauvage, c’était peut-être pour cela que la forme d’Animagus de la jeune femme était la louve. Cela correspondait parfaitement à son caractère et sa fascination pour ces animaux avait dût également jouer en la faveur d’une telle apparence. Le chien loup commença alors à montrer une attitude joueuse et le voyant sautillé partout et prêt à jouer, Opium haussa un sourcil totalement indifférente à une telle attitude. En temps normal peut-être qu’elle aurait joué avec ce chien sans même prendre la peine de savoir d’où il venait et même à qu’il appartenait. Pourtant aujourd’hui ce n’était pas son jour alors il ne valait mieux venir la faire chier et apparemment il n’était décidé à lâcher prise.

« Chuis pas d’humeur. Allez vas-t-en, ouste ! »

Etrangement, Opium sentit que cette rencontre n’allait pas se terminer ainsi. Merde. Au moins elle aurait prévenu, même si ce n’était qu’une bête.

Opium ▬ « Chuis pas d’humeur. Allez vas-t-en, ouste ! »

Face à tant de froideur, le chien-loup ne put qu’être déçu mais ne fut pas pour autant surpris. Il s’y attendait de toute façon. Opium était une jeune femme vraiment distante et pouvait même se montrer agressive dans son comportement, mais c’était dans sa nature. Certains la détestaient sûrement pour ça, mais pas le jeune assistant. Il avait l’art et la manière d’apprécier les gens invivables. Là vous vous dites sûrement que ce jeune homme a un grave problème mental, et vous avez sûrement raison. Il n’avait pas la notion du danger. Il se foutait royalement de l’avis des autres. Il n’éprouvait ni compassion, ni pitié. Et pourtant, oui pourtant, il arrivait à se retrouver dans des situations incongrues, à traîner avec des gens qui refusent sa présence.

Cependant, contre toute attente, il ne continua pas son petit jeu et s’approcha doucement d’elle, de sa démarche assurée et animale. Son poil continuait de bouger doucement au fur et à mesure que la brise s’engouffrait dans sa fourrure et semblait ainsi lui donner un air royal, tel la crinière d’un lion qui danserait au gré des vents chauds. Une fois qu’il fut assez prêt pour pouvoir distinguer les traits magnifiques du visage de la Serpentard, il s’assit simplement et resta là, calmement, silencieusement. Sa vision monochrome l’empêchait de pouvoir déterminer la couleur de ses cheveux, de ses yeux ou encore les possibles différences de couleurs de sa peau mais cela n’en gâchait pas la vision qu’il avait d’elle. Et puis d’un côté, le noir et blanc avait la particularité de rendre tout étrange et magnifique. Même les plantes de ce parc semblaient étonnantes... oui, oui, c’est bien Shawn, l’anti-verdure, qui a dit ça -_-’ Mais où va le monde ?! L’apocalypse est proche, fuyez pauvres mortels! Quoi qu’il en soit, il restait là calmement à l’observer sans aboyer ou grogner.

Opium était une jeune femme pleine de surprise et Shawn avait vite fait de comprendre qu’il ne fallait pas chercher à lui forcer la main. Si il voulait pouvoir s’attirer sa sympathie – ou du moins s’il voulait apaiser en elle l’idée de le tuer, l’étriper etc. – l’assistant en métamorphose devait tenter de refouler son excès de sympathie, de folie... l’ensemble de son caractère finalement. Loin de lui l’idée de se soumettre bien sûr : mais Shawn excellait dans l’art de mentir et de maîtriser les gens, et il n’allait pas faire exception avec cette schizophrène endurcie, aussi mignonne soit-elle. Il pencha la tête sur le côté, comme pour mieux lui montrer qu’il attendait une réaction de sa part et quitta finalement sa position assise. Sans un bruit, toujours aussi majestueusement, il prit place avec elle sur le banc et posa sa tête sur ses pattes en soupirant. Ainsi installé, sa queue battait l’air doucement au rythme du vent, tandis que sa fourrure caressait doucement la peau d’Opium malgré lui. Son regard se porta face à lui, là où un groupe d’oiseaux nocturnes allait et venait. Un instant, il se dit qu’il aurait pu partir en chasse cette nuit là mais il fut vite rattrapé par son envie de comprendre un peu mieux Opium.

Il avait beau être silencieux en apparence, cela ne l’empêchait pas d’être lancé dans un monologue interne plus qu’inspiré. Shawn avait effectivement cette fâcheuse manie de partir dans ses réflexions intenses et c’était d’ailleurs pour cela qu’il haïssait le silence. Une fois face à face avec ses pensées, on finissait généralement par détester son esprit et ses souvenirs. On pouvait commencer par penser à quelque chose de futile : « Oh tiens la lune est pleine cette nuit ! » et finir dans un raisonnement, bien éloigné de celui de base : « De toute façon la tarte aux poires, j’aime pas ça. » avec entre les deux quelque chose du genre « Si il avait attrapé le bazooka à la place du couteau cranté, c’est sûr qu’il aurait sauvé le monde ! ». Parfois, il valait mieux ne pas chercher à comprendre le raisonnement de son esprit, hein. Même lui ne pouvait pas dire si ses raisonnements avaient un sens.

Son raisonnement finit enfin par trouver son sens lorsqu’il se mit à se demander s’il arriverait ou non à cerner Opium. Il ne savait même pas pourquoi il était venu dans ce parc ce soir-là. La Serpentard était une de ces personnes qui dégageait ce fameux « quelque chose » qui intriguait tant. Certains en avaient peur, d’autres détestaient cette sensation et d’autres encore étaient subjugués par cette magie qui entourait ces personnes surprenantes. Le problème était bien sûr que l’on ne contrôlait pas cette impression que l’on donnait aux gens. On pouvait donc, à l’instar d’Opium, être associable et avoir pourtant un charme fou. C’était là l’un des grands mystères de la vie. Et, pour le plus grand malheur de la demoiselle, il avait fallu que l'une des personnes charmées se trouve être le plus chiant, le plus immature, le plus sadique, le plus manipulateur, le plus... Shawn quoi.

Une brise légère fit soulever quelques mèches sombres qui entouraient son visage sans qu’elle s’en rende compte et semblaient voltiger dans les airs avant de retomber. Sentant une légère différence de différence de température, l’irlandaise bien que n’ayant pas froid sentit un léger frisson parcourir son échine. Quittant l’animal des yeux durant quelques secondes, la jeune femme leva ses prunelles claires au ciel et les nuages sombres qui s’annonçaient n’annonçaient rien de très sympathique à l’horizon. Mais cela n’allait pas être cela qui allait l’empêcher de rester là, peut importe qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, Opium supportait tous ces changements sans jamais broncher mais plutôt contente de sentir que parfois la nature reprenait ses droits, imprévisible. Certains n’appréciaient pas être dehors alors qu’il pleuvait, se couvrant dès qu’il y avait la moindre averse mais profitant de chaque rayon de soleil. La Calaghan n’était pas de ces gens là, depuis toute petite elle était habituée à apprécier le temps d’Irlande souvent changeant et orageux. Et lorsqu’en Angleterre, une tempête se déclenchait, les pensées d’Opium divaguait à chaque fois vers sa terre natale, nostalgique elle avait toujours envie d’y retourner même si elle y avait vécu quelques malheurs. Mais il fallait bien avouer qu’elle avait trouvé sa place à Poudlard, même si l’adaptation ne fut pas des plus faciles au début. Mais maintenant Opium se sentait en sécurité à Poudlard, et au fond même les gens qu’elle détestait profondément, elle aimait les détester. C’était idiot mais la magie avait d’abord été un supplice pour elle avant d’être un exutoire, même si elle était encore tiraillée entre le fait de détester ou alors d’apprécier le fait qu’elle n’était pas une simple humaine, qu’elle n’était pas une moldue. Cela paraissait idiot mais Opium avait eu du mal à accepter sa condition, durant plusieurs années elle avait dut cacher ce qu’elle prenait pour une malédiction et ici on appelle cela un don, cela semble si normal qu’au début ce fut surréaliste pour la verte et argent.

Regardant à nouveau le chien loup, elle était sensible à chacun de ses mouvements et alors qu’il arrêta de jouer après qu’elle eut parlé, Opium fut surprise. Surprise qu’il lui ordonne aussi vite. Et lorsqu’il avança, la jeune femme eut une sensation étrange au creux de l’estomac. Comme si cela n’était qu’une plaisanterie, ce n’était pas possible et pourtant Opium avait l’étrange impression que le chien loup était bien plus qu’un animal. Non ce n’était pas possible. Chassant ces idées absurdes de sa tête, la verte et argent vit le chien s’approcher et alors qu’il s’asseya à côté d’elle sur le banc, elle haussa un sourcil intriguée par une telle attitude venant d’un animal. Mais c’est qu’il semblait être prêt pour rester ce salaud u_u. Fronçant les sourcils, Opium posa ses deux mains sur l’animal et commença à essayer de le pousser du banc. Mais bon avec la force qu’elle avait, on pouvait assurer qu’elle n’allait pas réussir. Pourtant déterminée, l’irlandaise continua.

« Mais pousse toi ! Mais t’es vraiment chiant dans le genre toi ! Tu ferais bien la paire ‘vec … pff non, toi t’es plus mignon.»

Se levant pour essayer de faire basculer le corps de l’animal qui semblait la regarder du genre ‘cherche pas t’y arriveras pas’, Opium n’en fut plus que déterminé mais avec sa force de moineau elle n’arrivait pas à grand-chose. D’autres personnes, moins patiente qu’elle aurait déjà peut-être frappé l’animal mais une telle idée n’aurait jamais fleurit dans l’esprit de la jeune femme. C’était con mais après avoir vécu dans un cirque, on a une vision bien différente des animaux et surtout du rapport que l’on à avec eux. Mais Opium n’était pas dans l’optique non plus que le chien allait rester là sur ce banc, elle en avait décidé autrement. Point final. Soupirant, Opium durcit son regard face au chien. Dernière chance de t’en aller … Aucune réaction. Elle s’y attendait.

« Tu l’auras voulu. »

Se relevant complètement, l’irlandaise ferma ses yeux et essaya de faire le vide. Prendre en compte sa respiration, se décontracter et ne plus bouger. En quelques secondes, la jeune femme sentit son corps se transformer à sa simple demande, ce qui avant était un exercice plus que dur était maintenant pour elle une simple formalité dont elle s’accommodait parfaitement. Ses membres se firent plus fins, ses mains et ses pieds furent remplacés par des larges pattes puissantes et pourtant fines. Son corps fut recouvert d’un épais pelage noir encre et désormais la seule façon de reconnaître un peu soit-il Opium était qu’elle gardait de sa forme humaine, ses deux prunelles vertes d’eau qui semblait aussi froide que lorsqu’elle était sous sa véritable apparence. De femme, elle était passée de louve noire aussi agile que puissante, aussi sauvage qu’elle et avec le même caractère. Durant les premières secondes d’adaptation, Opium sentit chaque muscle, chaque centimètre de sa peau animale. Très vite ses sens devinrent plus aiguisés et si au début elle sentit l’odeur du chien, très vite elle put sentir chaque effluve, entendre chaque bruissement de feuille des alentours et sa vision était beaucoup aiguisée. Si la verte et argent était considérée comme une jeune femme violente, la louve l’était également si ce n’est plus. Son regard se posa très vite sur le chien loup qui surprit releva la tête. Retroussant ses babines, Opium montra les crocs tout en grognant férocement. Si elle voulait, elle ne faisait qu’une bouchée de ce stupide chien, sous cette forme c’était toujours elle qui avait le dessus, vous pouvez en être sûr.