London trainait des pieds. Ca n’était pas par fantaisie, envie de nettoyer le sol, ni même pour empêcher Astrid de le tirer jusqu’à la salle commune pour faire Shabbat mais London trainait des pieds depuis le début de la journée lorsqu’on lui avait annoncé qu’il allait mettre sa nouvelle punition en pratique.
Ce n’était déjà pas chose aisée de babysitter les Premières Années mais la simple pensée de devoir le faire avec Eden lui donnait fortement envie de vomir. Ou de se rouler en boule dans un coin en gémissant, à voir selon les circonstances.
Il avait même songé à retourner se coucher pour dormir jusqu’au lendemain ou à se faire exploser un chaudron en pleine tronche en cours de potion et feindre la mort subite. Hop.
Mais non, on ne pouvait se soustraire aux punitions, il le savait pour avoir déjà tout essayé ces huit dernières années. Surtout quand on les avait plutôt bien cherchées.
D’ailleurs, il lui semblait qu’il était tout à fait impossible d’échapper à Eden Lancaster, peu importe le nombre de tentatives, il finissait toujours par lui retomber dessus. Ou elle s’écrasait sur lui, à l’image de leur dernière charmante rencontre lors du camping, certainement à l’origine de la catastrophe qui lui avait succédé.
Dès que tout le monde avait été ramené (plus ou moins) sain et sauf au château, London n’avait pu que se mettre à glousser bêtement au souvenir encore frais de cette immense déroute qu’il avait causé bien malgré lui. Il était d’ailleurs fort probable que s’il avait voulu le faire exprès il n’aurait pas rencontré le même succès retentissant, mais bref, tout ça pour dire qu’encore une fois et malgré la punition qui planerait sur sa tête pour les prochains mois, London ne pouvait s’empêcher de rire à intervalles réguliers.
Cela dit, son sourire idiot s’était effacé lorsque, le matin même, on lui avait bien rappelé le nom de sa camarade d’infortune et souligné qu’il était hors de question qu’il se serve de cette punition comme prétexte pour recruter des nouveaux cobayes (enfin personne ne lui avait vraiment dit texto mais il avait cru le lire dans les yeux de ses professeurs). Par la kippah de Merlin, et dire qu’il y avait pensé toute la semaine…
Alors forcément, London trainait des pieds en direction des cachots et le crissement de ses semelles sur la pierre faisait grimacer ses camarades sans qu’aucun ne viennent protester. Ils n’osaient déjà pas vraiment s’approcher de l’inventeur fou en temps normal mais s’employaient désormais à l’éviter soigneusement. Il n’y avait guère que Maelan, Astrid ou Madeleine qui aurait pu lui faire vaguement soulever la semelle, le reste n’obtiendrait probablement qu’une vague menace d’être le prochain à tester les nouvelles pastilles de gerbe. Et personne ne voulait tester les nouvelles pastilles de gerbe.
Quoi qu’il en soit, c’est avec la vitesse d’une limace asthmatique que l’Irlandais avait cheminé jusqu’aux cachots de potion et il poussait désormais le plus lourd soupir de toute la création, une main posée sur la poignée de la porte, cherchant au bout de ses orteils de quoi égayer sa journée. Evidemment, il opta pour son activité favorite, faire criser Eden jusqu’à ce qu’elle s’étouffe dans son propre fiel. Allez, hop.
D’un grand mouvement de poignet, le blond fracassa plus ou moins la porte et débarqua en pleine salle de classe avec grâce et distinction. Il adressa un sourire crâne à l’ensemble de l’assistance et réserva un clin d’œil malicieux pour Eden qui faisait de son mieux pour faire comme s’il n’était qu’une tapisserie géante.
▬ Monsieur Antwerp, merci de votre présence parmi nous. Maintenant veuillez vous tenir pendant que j’explique à vos petits camarades la situation présente… London haussa vaguement les épaules. Se tenir tranquille ? Personne ne l’avait jamais eu en cours ou quoi ? Mlle Lancaster et Mr Antwerp, ici présents ont eu la gentillesse d’accepter de nous faire part de leur présence à ce cours et à tous ceux nécessitant leurs compétences pendant toute la durée de votre année scolaire. Le professeur désigna les deux étudiants se dandinant devant son bureau. L’Irlandais esquissa ce qui se voulait être un sourire amical à l’attention des jeunes étudiants du Château, n’obtenant qu’une grimace crispé de vieille rombière constipée.
Trop occupé à marmonner dans son coin, le blond n’écouta pas la suite (fort heureusement pour lui, le terme de « Nounous » l’aurait probablement fait sauter au plafond), prêtant une attention tout à fait mesurée aux consignes délivrées. De toute façon, les gosses n’avaient pas besoin d’autorisation pour venir leur couiner dessus. En l’absence du professeur, les questions pleuvraient probablement avec la même densité que les intempéries en plein automne dans le nord de l’Irlande.
D’une oreille distraite, London nota les dernières instructions, piquant le parchemin d’un Première Année pour y noter les ingrédients à récupérer et imita sa camarade avec un certain flegme.
▬ Bon, prenez simplement votre parchemin et une bourse pour les ingrédients. Suivez-moi, on décidera d’où vous voulez aller une fois dans le parc.
▬ Blablabla, tout comme elle dit. En temps normal, une chasse au trésor l’aurait enchanté mais en compagnie d’Eden… Il avait le choix entre s’amuser aux dépends de la gryffondor et des Premières années et subir les deux prochaines heures en trainant des pieds.
▬ Je passe devant, tu fermes la marche. Et ne t’avise pas de m’adresser la parole. Un sourire railleur étira les lèvres du rouge et or. Son choix était fait.
▬ Mais bien sûr Princesse Paillette Lancaster, après vous ! Je n’avais abs-o-lu-ment pas l’intention de m’adresser à votre illustre personne. Minauda-t-il, provoquant quelques gloussements chez ses cadets.
Il la laissa mener le cortège jusqu’au serres, en profitant pour lancer des pétales de fleurs derrière son passage pour en rajouter une couche.
▬ Oyez oyez ! Laissez passer la Princesse Lancaster et ses suivants ! Allez les mioches, avancez et baisez-lui les pieds, on a pas qu’ça à faire !