La soif tiraillait ma gorge, la rendait brûlante. Il fallait que je quitte le château dans la plus grande discrétion et que je rejoigne la forêt. Je ne pensais pas que mon séjour à Poudlard serait si éprouvant, mais je m'y plaisais bien. Cela me permettait de varier les péripéties de mon existence. Lorsque l'éternité nous a été donnée, il faut savoir l'occuper, la maîtriser et ne pas se battre contre le temps qui passe. Les premières décennies de ma vie vampirique avaient été des plus difficiles, en effet, voir vieillir autour de moi les personnes auxquelles je pouvais m'attacher, alors que je restais prisonnier du corps de mes vingt et un ans, avait été une expérience des plus dures. Probablement était-ce pour cela que je me gardais bien d'aimer d'autres que moi. Certes l'amour était devenu un venin que je fuyais, et ce depuis longtemps, mais l'amitié devenait peu à peu une chose que j'évitais avec les mortels. Je jetais un dernier coup d'œil à la salle commune pour vérifier que je n'étais pas suivi, ou tout simplement observé et quittai la maison des verts et argents. Les couloirs étaient vides, comme si le temps avait suspendu sa course pour cette nuit-là. Seuls mes pas résonnaient dans le corridor, et encore ceux-ci étaient légers. Passer devant le bureau du concierge était la tâche la plus difficile puisque ce dernier ne dormait que très peu et même si celui-ci ne verrait - au mieux - ne passer que mon ombre, je préférais me montrer plus habile et méfiant qu'à l'accoutumée. Une fois le hall passé, je passai la porte de l'entrée et disparut dans les ténèbres. Le froid qui s'attaqua à mes membres avec voracité ne m'atteignit pas tant qu'il aurait blessé un humain mais me signalait que je devais me hâter de chasser. Les bois ne m'inquiétait en rien, j'y pénétrai sans crainte et laissait mon odorat repérer ma future proie. Une brise glaciale ne tarda pas à m'apporter l'essence d'un animal. À défaut de sang humain, je devais me contenter de nectar bestiale, et cela ne m'enchantait pas outre mesure. Le plaisir de la chasse éteignit mon énervement, et je m'élançai entre les troncs avec une rapidité certaine. Je ne mis pas longtemps à débusquer la créature et sans que celle-ci eu réellement de s'en rendre compte, je plongeai mes dents dans l'artère située au niveau de son cou. Le liquide chaud s'écoula à l'intérieur de mon corps et me régénéra, réveillant ce qui doucement tombait dans la torpeur. Une fois ma faim étanchée, je laissai aux charognards la carcasse de ma victime et essuyais mes lèvres d'un revers de la main. Souriant, je pris la décision de m'en retourner vers le château. En chemin je décidai cependant de profiter de la nuit, la cabane abandonnée me semblait des plus appropriée pour m'abriter. Je m'assis sous le perron et regardait les éclats lunaires frapper de leur aura la houle du lac.

Mon ouïe m'avertit que dans la noirceur tardive, un personne que je discernai comme humaine m'observait. Un sourire en coin gagna le bord de mes lèvres et son odeur aurait pu m'être irrésistible si je ne m'étais pas nourri quelques instants plus tôt. La féminité de l'élève se cachant non loin de moi aurait pu lui être fatale. Je me levai et me retournai vers cette jeune femme. Serait-elle suicidaire ? Sa beauté n'avait pas d'égale à Poudlard, tout comme sa cruauté, et Chiara - si c'était bien son prénom - était une sorcière des plus délicieuses, et des plus intéressantes qu'il m'avait été donné de rencontrer. Manipulatrice et sans scrupule elle se révélait un excellent moyen d'amusement.

▬ L'adolescente rebelle des Serpentards aurait-elle quelques désirs nocturnes ? Lâchai-je dans un ricanement.