Je m'appelle Arya, je ne sais pas si je vous ai déjà vu, j'ignore si vous connaissez ce nom mais moi je vous ai déjà croisé, oublié... Je ne suis pas de celle qu'on oublie, pourtant moi je suis de celle qui oublie. Je n'ai pas eu ce que je voulais, j'ai été privé de tant de chose que mon cœur s'est endurci, mes larmes taries et ma compassion évanouie. Quand on me voit on ne sent que la froideur de mon âme, une aura malsaine et envoutante à la fois. Mais bien sûr tout ceci n'est que du blabla, voici mon histoire, ou celle d'un cœur meurtri, qui finit par se fermer au monde. Je naquis en Amérique et ce fut là où j'ai failli grandir. Mais mon père n'ayant pas envie de rester il nous fit déménager à Londres. Le climat n'étant pas vraiment le même je fis la tête au début pour m'y accoutumer ensuite. J'aimais le soleil tenez, oublions ce détail, ici la pluie est bien plus souvent présente tout comme l'aspect grisâtre qui vous mine le moral, ça tombe bien, je suis d'humeur massacrante en permanence.

Une fois que j'eus grandi ce fut différent, plus je grandissais plus mes aptitudes se révélaient pour la plus grande joie de mon père. Il avait une fille douée, non mieux, elle était surdouée. Un petit génie des sortilèges je devins assez vite. Ils n'avaient plus de secrets pour moi à seulement l'âge de douze ans. Je savais les utiliser, bon il est sûr que je ne m'étais pas essayée aux sortilèges impardonnables non plus (officiellement) mais je maitrisais ce qu'il fallait savoir. Plus j'avançais dans mon apprentissage, plus je devenais douée, plus il ajoutait de la pression. Au début je vis cela comme un simple défi puis au fur et à mesure cela devint pesant. J'avais envie de lui hurler dessus que j'étais capable de savoir comment gérer mon temps, les loisirs étant proscrits. Ce fut à mes seize ans que je décidais de changer cet état de fait. La gentille petite fille modèle se transforma en démon. Bien sûr je l'étais déjà mais ce fut pire car cette fois ci je ne le cachais pas à mes parents. Rien ne pouvait être prouvé donc rien contre moi bien sûr. Mes notes restaient excellentes, bien que je fasse tout pour ne respecter que le strict nécessaire des règles. J'aimais le danger, les défis et ne craignais pas le moins du monde de m'aventurer dans des endroits déconseillés tant c'en était grisant. Mais le plus gros souci fut de montrer à quel point je pouvais être autonome, ce ne fut pas sans conséquences pour moi ! Mon père n’avait pas du comprendre que jamais je ne ferais "ce qu'ils attendaient de moi" et plus il tentait, plus je fuyais son joug. Je ne voulais pas "obéir" je voulais déterminer moi même mes capacités. Une chose est sûre la magie noire m'attirait comme une abeille avec le miel mais une autre fascination me vint. Les vampires ! Ces créatures de la nuit qui s'abreuvaient du sang de leurs victimes. J'avais beau les trouver un tantinet effrayant, ils étaient pour moi une source inépuisable d'extase. Je me renseignais sur tout ce qui les concernait. Je dus me rendre compte que mon père ne serait jamais d'accord pour que non seulement j'étudie la mage noire mais pire les vampires qu'ils jugeaient impurs. Les gens ne m'appréciaient déjà pas tellement, ce fut pire ! Je rembarrais encore plus vite et plus cruellement. Puis il y eut lui, un des leurs, il fallait que je le prouve, je savais que c'était une quelconque supercherie, et pour fouiner j'étais la meilleure.

Quand on voyait arriver une belle brune aux yeux noisette, une longue chevelure cascadant dans le dos, une démarche presque princière, on savait à quoi s'attendre. Mon regard se tournait vers quiconque osait lever les yeux, et j'aurais pu les foudroyer. Personne ne tentait des choses de face, et ils regrettaient vite ce qu'ifs faisaient par derrière. Un jour j’avais - je crois – renversé une potion du genre acide. Je sais plus le nom de la fille sur qui elle était " tombée " mais croyez moi, sa robe était... inexistante ? Ce fut nue (tout avait limite fondu) qu'elle couru en hurlant voir l'infirmière. Moi je riais d'un rire que tous redoutaient. Quand je demandais à un ami – enfin un avec qui je faisais semblant – de me trouver tout sur ce type, il le fit sans hésiter. J'adorais voir la peur que j'insufflais. Dans un sens, du coup, j'avais peu à faire. Ils étaient terrorisés et n'allaient pas plus loin. Mais lui il ne réagissait pas, au contraire il me provoquait. Ou il était suicidaire, ou il se savait intouchable. Je ne comprenais pas, il était de plus en plus virulent, et moi de plus en plus excédée. Je le surveillais de plus en plus près et vis, ce à quoi je m'attendais. C'était bien ça ! Je n'avais pas de preuve pourtant foi d'Arya, je le saurais un jour ! Le jour ou même les hommes – oui les jeunes hommes – comprirent qu'être avec moi relevait de l'exploit fut marqué d'une pierre noire. J'étais dans un couloir interdit – ben oui sinon ce n’est pas drôle – et je parcourais un de mes bouquins favoris. Évidemment ce type de lecture n'aurait pas du se trouver dans mes mains mais que dire à part que je m'en moquais. Personne ne me dénoncerait de toute façon. Je laissais tout le monde passer et m'accroupir. Là un de mes réguliers me demanda un p’tit tour vers un endroit non fréquenté. Je pris plaisir à voguer vers d'autres cieux, dira-t-on, puis le laissais là, à moitié nu. Il se stoppa, me regarda droit dans les yeux et sa voix me défia, me questionna.

- Dis Arya, un jour penses-tu que tu considèreras quelqu'un d'autre que toi ?
- Mais bien sûr... En fait non. Je ne veux pas d'amis, je ne veux pas d'amant, je veux juste m'amuser aux dépends des autres. Si tu veux arrêter libre à toi, mais même si la plupart me trouvent exécrable et invivable, ils finissent toujours par en redemander. Masochisme, stupidité ? Que sais-je ?
- Tu es ignoble !
- Oh tu es un amour ! J'aime les compliments, maintenant déguerpis, tu bouffes mon oxygène.

Voilà un aperçu, voilà ce que j'étais au quotidien, sadique, mauvaise, lunatique, manipulateur, fausse, orgueilleuse, et parfois un tantinet perverse. Je ne m'étalais sur certaines choses que pour en toucher d'autres. Oui je n'avais rien d'une gentille princesse, d'une petite fille modèle, ou d'un gentil bisounours, mais quelque part, bien enfoui, aux tréfonds de mon âme, battait un cœur meurtri...

Les jours suivants, comme usuellement, il revint et fit de même ceux d'après. Mais tout allait changer, il allait changer le cours des choses. Oui lui avec son air de gentil petit fils à papa qui avait tout du parfait petit mystificateur, du parfait petit menteur, du parfait... jumeau. Il voulait jouer ? Bien ! Ce serait mes règles, pas les siennes. Je lui laissais des jeux de pistes, je lui pourrissais la vie, jusqu'à ce qu'il vienne me voir.

__ Que me veux-tu bon sang Arya ?!
__ Je veux savoir !
__ Ça ne te regarde pas !
__ Qui est-il bon sang dis le moi !
__ Ou quoi ?
__ Ou je risque d'être difficile à pardonner si tu vois ce que je veux dire.
__ Tu sais quoi sa chambre est là, démerde toi pour t'y engouffrer sans être vue, et tu auras peut être tes réponses... Ou ce sera la dernière chose que tu auras faite... Bonne chance, ou pas !

Je passais donc mon temps à chercher, à regarder partout, la moindre faille. Soudoyais, mentais, espionnais. Tout était bon pour découvrir ce que LUI cachait. Je ne voulais pas rester dans l'ignorance, quoi qu'il m'en coûte je le découvrirais, même si ce ne fusse la seule chose que j'eusse faite. Et puis le temps passa et j’arrêtais là ma croisade. Je continuais mes études et fis un cursus si bon que je fus bien vite professeur. Amusant d’enseigner les défenses contre les forces du mal, là où j’excellais à les appliquer moi-même. Je ne supporte toujours pas les gens, les élèves médiocres m’énervent – c’est génial je peux les punir – et il y a ce type là, je suis certaine que c’en est un, je VEUX savoir et je saurais... Je veux l’avoir.