[je sais, je sais, la Volière elle est pas là. Mais j'avais préparé ce RP et j'ai pas envie de le refaire x)
Répondra qui voudra (a)]
Elle ouvre de grands yeux. Dans sa tête, une petite musique anarchique égrène ses notes de clavecin, et elle esquisse un pas de danse. Bettina n’est pas l’albatros, canard boiteux qui se transforme en cygne quand il danse, sa démarche est bien souvent gracieuse, bien que cachée sous les couches de jupes et les piles de livres.
Or donc, elle ouvre de grands yeux, arborant une figure qui s’approche de celle du flan – ou du merlan frit, comme vous voulez. Derrière la chair consistante et moelleuse, les nerfs s’affolent, le cœur palpite, l’esprit part en vrille. Bettina se sent transportée, paniquée, hésitante encore, comme une souris prise au piège. Elle pince les lèvres, cligne des yeux, mais rien n’y fait.
La raison de toute cette agitation intérieure, c’est le grand chambardement qu’elle a entreprit sur elle-même. Depuis leurs frasques de la nuit d’Halloween, elle hésite, se laisse tenter, fait deux pas en avant et un en arrière. Devant le mur des punitions, Betty se demande si elle doit tenter d’intégrer l’association des alcooliques de Poudlard, comme elle est connue, ou si le jeu n’en veut pas la chandelle.
Il n’y a pas grand-chose à gâcher dans son dossier, direz-vous, étant donné son manque flagrant de progrès dans tout ce qui s’approche de la magie. Elle fait mourir les plantes, exploser les potions, et ses professeurs la regardent d’un air impatient, avant de déclarer encore et toujours la même chose, d’un ton las. « Bon sang, Waddle, ne pouvez-vous pas vous concentrer un peu ? »
Peut-être ferait-elle une très bonne fêtarde. Ou peut-être que cela gâcherait à jamais ses chances d’intégrer la voie qu’elle désire suivre.
Et puis le flot des élèves s’engouffre dans les couloirs, dans l’infernale rotation des changements de salle, et Bettina se détourne du mur pour voguer doucement vers la volière. Elle se laisse porter par le courant bruyant, tentant vaguement d’apercevoir une tête connue. Le temps d’un sourire, et la voilà au bout du couloir, devant l’escalier escarpé menant à son but. Elle grimpe, quatre à quatre, s’essoufflant dans l’effort.
Elle avait beau y être habituée, l’odeur forte des oiseaux la frappait à chaque fois qu’elle pénétrait dans leur domaine. Betty avait l’habitude des animaux, étant donnée la passion plus que douteuse de sa génitrice pour toutes les créatures vivantes les plus répugnantes que la terre ait portée (non mais sérieusement – des iguanes dans le Devonshire ?), mais les oiseaux la laissaient perplexe. Comment pouvaient des créatures aussi gracieuses et intelligentes produire autant de mauvaises odeurs ?
Enfin, quand elle pensait « intelligent », elle ne se référ ait bien sûr pas à Mr Darcy, son hibou centenaire. Elle avait hérité de la bestiole alors qu’elle rendait visite à Lucinda, sa tante folle et richissime. Ce vieux hibou avait les plumes partant dans tous les sens, manquant de ci de là, et perdait manifestement la boule.
Comme d’habitude, elle éprouva une minute de culpabilité en voyant la bestiole dégringoler du plafond pour presque lui tomber dessus. Elle oubliait régulièrement de venir le voir, ce dont heureusement il était bien trop vieux pour lui tenir grief. Tandis qu’il bat nerveusement des ailes pour tenter se poser sur son bras, manquant de se casser la figure, la jeune femme le regarde d’un air navré.
« Allons, Darcy, fait un effort. »A ses débuts à Poudlard, elle avait bien tenté d’envoyer des lettres à ses parents, qui ne les recevaient qu’épisodiquement. Par peur de vexer l’animal, elle avait rapidement renoncé à en emprunter un autre à l’école, et s’était donc résignée à avoir l’un des seuls hiboux de l’école incapable de distribuer le moindre courrier sans créer un incident majeur (bien qu’à son humble avis, le professeur de potions aurait pu se montrer un peu plus compréhensif quand Darcy s’était oublié sur sa cape – ça se lavait, après tout). Au final, l’oiseau ressemblait un peu à sa maîtresse, en un peu plus dépenaillé.
Un bruit se fit entendre, une cavalcade plutôt, tandis que quelqu’un faisait irruption dans la volière. Le hibou, effrayé, s’envola vers les hauteurs tandis qu’une voix se faisait entendre.
« Bonjour », lâcha Bettina, résignée.