Le mois de septembre était déjà bien entamé et dans l’esprit d’Astrid, les feuilles avaient déjà commencé à se teindre en rouge. (En vérité, elles étaient encore bien vertes et la température était loin d’être froide, mais elle avait décidé d’ignorer la réalité une bonne fois pour toutes.) Armée d’une pile de manuels, de fournitures scolaires et d’une couverture de pique-nique à motifs écossais rouges absolument affreux rappelant fortement le kilt de son grand-père Jacob. Astrid étant d’un naturel – comment dire… écossais ? – l’aspect général de la couverture la laissait complètement indifférente.
Elle trotta gentiment jusqu’au pied d’un arbre, arborant l’air satisfait de celui qui a au moins une heure devant lui pour réviser entre deux réunions de clubs. Les dimanches de la Serdaigle étaient généralement assez remplis. Rien que pour trouver une heure de disponible pour caser Andrew, elle avait du réfléchir un bout de temps et déplacer deux rendez-vous.
Après avoir vérifié que l’arbre en question n’était pas animé et ne risquait pas de s’abattre sur eux en poussant des hurlements, elle étendit la couverture au pied de l’arbre.

▬ Bonjour bonjour, minauda-t-elle prudemment en levant la tête vers les feuilles. Je sais pas trop si vous êtes un arbre doué de conscience ou une plante un peu plus moldue, mais je tenais juste à vous rassurer, on laissera l’endroit propre avant de partir.

Une fois sa couverture étendue, Astrid déballa tout son bazar. Plumes, rouleaux de papyrus froissés et encre de chine vinrent s’empiler autour de ses genoux alors qu’elle farfouillait dans son sac à la recherche de nourriture pour le corps (non parce que la nourriture de l’esprit, c’était rigolo cinq minutes).
Ayant trouvé un paquet de biscuits entamé, elle en fourra deux dans sa bouche en attendant Andrew. Le Gryffondor ne tarda pas à apparaître au loin, avec l’air un peu perdu qu’elle lui voyait si souvent. De toute évidence, les sœurs Lancaster lui avaient encore fait des misères.
▬ ANDREEEEW, beugla-t-elle avec grâce, des fois que quelqu’un dans un rayon de cent kilomètres ne l’ait pas repérée. Au moins, maintenant, ils l’avaient tous entendue.
▬ Assieds-toi, lui intima-t-elle en tapotant la couverture à côté d’elle. Alors, comment ça va ? Les filles t’ont encore torturé ? Raconte tout à Tante Astrid.

Sans attendre sa réponse, la Serdaigle commença à empiler les feuilles sur les genoux du pauvre Andrew.
▬ Bon, je sais pas ce que t’en penses, mais moi, les sorts de soin, ça marche pas tellement, faut que je m’entraîne. J’ai essayé de me guérir la dernière fois, quand Sally s’entraînait à lancer des couteaux et qu’elle m’a défoncé la main, mais c’était pas très concluant. En même temps j’ai pas tellement envie de me blesser pour faire exprès de me guérir, tu vois ?
Tout en déblatérant, la jeune fille avait sorti deux autres gâteaux du paquet, qu’elle enfourna dans sa bouche en marquant une pause. Mâchonnant distraitement, elle farfouilla dans son sac à la recherche d’un élastique à cheveux. Peine perdue.
▬ J’imagine que tu as pas de ruban pour les cheveux, constata-t-elle sur un ton dépité. Vu que t’es quasiment chauve.
Agitant distraitement sa baguette en direction des cheveux d’Andrew, Astrid la posa le temps d’attraper ses cours. Elle brandit la baguette en direction du lac et marmonna une incantation.
L’air s’agita quelques instants, dessinant la silhouette d’un stéthoscope qui s’évanouit progressivement en fumée. Elle se tourna vers Andrew, l’air triomphant.
▬ Allez, au boulot !