Je n'ai pas eu une vie que l'on aurait pu qualifier de simple.. Mais qui a une vie vraiment simple ? Qui peut se vanter de ne jamais avoir eu de problèmes, de ne jamais avoir eu de déceptions ? Si cette personne existe, j'aimerais bien la rencontrer, histoire de voir à quoi ressemble une vie sans soucis.. Elle doit être bien insipide, car ce sont les zones d'ombre qui donne encore plus de valeur aux bons moments passés, non ? Alors que tout commence mal. Ou bien.
On ne sait jamais, on n'en sait rien.
Premier janvier 1993, naissance de la petite Juliet, à Londres. Évènement heureux, c'est ce que l'on aurait pu imaginer, mais ce ne fut pas ce que pensa la jeune mère qui venait de donner vie à la demoiselle. Elle avait seize ans, était seule et n'avait pas le courage de prendre cette responsabilité. Cette jeune fille, allongée sur le lit d'hôpital, tenant sa progéniture dans ses bras, n'avait aucun don, aucun pouvoir. C'était une simple moldue qui était tombée enceinte et qui n'avait pu se résoudre à avorter. Une simple moldue, qui avait donné naissance à une sorcière, ce qu'elle ne saurait jamais. Comment se douter d'une chose pareille ? C'est pour ces raisons que la petite Juliet fut adoptée par Maureen, celle qui l'élèverait comme sa propre fille, comme son enfant.
Seulement Maureen, elle, était une sorcière. Une vraie de vraie. Sorcière talentueuse qui avait abandonné le monde de la magie pour vivre avec la personne qu'elle aimait. Fyona. Oui, une autre femme. Elles sortaient ensemble depuis un an quand Maureen a décidé qu'elle allait tout plaquer pour vivre avec sa bien aimée. Et trois ans plus tard, elles voulaient fonder une famille, c'est alors qu'elles ont décidé d'adopter un enfant. Une petite fille, pour être exacte. C'est comme ça que Juliet est devenue l'enfant de ces deux femmes. C'est le destin qui à fait que Juliet ai deux mères.. Et elle ne s'en ai jamais plaint ! Elle les aime autant l'une que l'autre, et jamais ne renoncerait à elles. Vous vous doutez bien que, de ce fait, la petite n'a jamais eu de préjugés sur l'homosexualité. Ces mères lui ont insufflé la tolérance et elle est très ouverte d'esprit.. Mais tout ça, c'est bien beau. Sauf que rien ne peut être beau bien longtemps..
Juliet allait à l'école moldue, avait des amis moldus, et ne connaissait même pas le monde magique. Sa mère ne lui en avait jamais parlé. Alors qu'elle savait qu'elle avait été adoptée, elle ne savait pas que Maureen était une sorcière. Et elle n'aurait jamais dû l'apprendre.. Sauf que le destin en a décidé autrement. Abandonner la magie, c'est bien un temps, mais au bout d'un moment, ça vous manque. Surtout après avoir baigné toute sa vie dans ce monde de tous les possibles. Alors le soir, Maureen utilisait sa baguette, pour des petites choses. Pour ne pas se lever pour prendre ses lunettes, pour réparer quelque chose qu'elle venait de faire tomber.. Et alors que Juliet avait six ans, qu'il était tard et qu'elle avait peur seule dans le noir effrayant de sa chambre, elle a décidé d'aller voir ses mères. Elle a entrouvert la porte, pour voir si elle pouvait enter et à alors vu Maureen, baguette en main, faire monter un livre dans les airs, à l'aide de sa baguette, pour l'amener à elle. Juliet n'est pas entrée dans la chambre, ce soir là.. Ni les autres soirs. Elle prenait l'habitude d'entrouvrir la porte, et d'observer ce que sa mère pouvait faire à l'aide de ce simple morceau de bois.. De sa baguette.
Elle rêvait d'être une sorcière, elle aussi, mais elle savait que ce n'était pas possible. Sa mère biologique était une simple moldue qui l'avait abandonnée, jamais elle ne pourrait faire voler de choses dans les airs.. Pourtant, elle avait toujours cette petite boule d'espoir dans le creux du ventre. Elle voulait être comme sa mère. Elle voulait être sorcière. Plus les jours passaient, plus l'idée devenait obsession. Elle ne pensait qu'à ça, constamment. Un mois après, sa mère la surprit, assise sur son lit, avec un morceau de bois ramassé dans le jardin, tentant de soulever un livre en exécutant un tas de moulinets avec sa main.
« Mais.. Que fais-tu trésor ? La petite l'a observé pendant quelques secondes, les yeux s'emplissant de larmes trop longtemps contenues, après tant d'échecs.
« Moi aussi, je veux être une sorcière, maman ! L'air surpris de la mère, son visage qui manque de se décomposer.. Mais elle parvient à garder le contrôle de ses émotions.
« Où as-tu été pêcher ça ? Les sorcières n'existent p.. Mais Juliet n'avait pas l'intention de laisser sa mère terminer.
« Si ! Je t'ai vue, plein de fois, le soir.. J'veux être comme toi ! Maureen a soupiré. Elle ne pouvait apparemment pas le cacher plus longtemps à sa fille. Elle qui voulait la protéger.. Elle n'avait pas été assez prudente, et maintenant, il allait bien falloir qu'elle en paie le prix.
« D'accord.. Tu as gagné.. Elle s'est approchée du lit de son enfant, et lui a sourit. Elle s'est installée à côté d'elle pour pouvoir la prendre dans ses bras, la réconforter.
« Tu ne peux pas être une sorcière, mon ange.. Tu aurais pu, si je t'avais moi-même donné naissance, mais dans ces conditions, tu ne peux avoir de pouvoirs.. Je suis vraiment désolée. Et elle l'était sincèrement, surtout quand elle a vu le regard implorant de sa fille se lever vers elle.
Et un jour, sans vraiment savoir pourquoi, ou comment,
tout se pare de couleurs aveuglantes.
Elle venait d'avoir neuf ans, et elle tournait en rond dans sa chambre. Juliet était préoccupée. Elle ne savait que penser de ce qu'il s'était passé le jour même, à l'école. Tout aurait dû être comme les autres jours. Tout aurait dû être normal, affreusement normal. Banal. Rien de différent. Mais là, si. Il y avait eu ce.. Truc, qui s'était passé. Quelque chose d'irréel. D'impensable, d'inimaginable. D'inconcevable. Alors que sa meilleure amie et elle se disputaient, violemment, même si elles n'avaient que neuf ans, Emily avait été projetée en arrière. Pourtant elles étaient seules, et Juliet était sûre et certaine de ne pas l'avoir touchée. Alors comment était-ce possible ? Comment avait-elle pu être projetée en arrière de cette façon ? Mais elle ne voulait pas en parler a Maureen.. Pour une raison simple. Depuis qu'elle avait vu sa mère utiliser ses pouvoirs, elle voulait tellement être comme elle qu'elle pensait voir des signes partout, et chaque fois qu'elle avait été voir sa mère, ses espoirs avaient été brisés. Sauf que là, ce n'était pas juste une fille qui tombe alors qu'elle voulait justement qu'elle tombe.. Non. Là ce n'était pas une coïncidence.. C'était vrai, il s'était passé quelque chose.
Ce soir là, alors, elle a prit son courage en mains, et elle s'est lancée ! Enfin, lancée est un bien grand mot. Elle est restée vingt minutes devant la porte de la chambre de ses mères avant de prendre une grande goulée d'air et d'entrer.
« Juliet ! Que viens-tu faire ici, si tard ? Lucy, sa deuxième mère, avait raison. Elle ne venait que très rarement dans la chambre parental à vingt-trois heures passées. Se tortillant une mèche blonde autour de l'index, elle se lança.
« Je pense être une sorcière.. Mais Maureen n'a pas voulu en entendre plus. Comme l'avait prévu la fillette, sa mère allait s'énerver.
« Ca suffit maintenant avec ces histoires de sorcières, Esra ! J'en ai assez ! Je t'ai pourtant expliquer et ré-expliquer que c'était impossible ! Je.. « Alors pourquoi Emy a été projetée en arrière sans que je la touche et alors qu'on étaient juste toutes les deux ?! .. Au bord des larmes, face à la réaction de sa mère, Juliet se sentait minuscule.. Pourtant, alors que d'habitude c'était à ce moment là que la situation dérapait d'autant plus, Maureen n'ajouta rien. Quelque chose, dans le regard de sa fille, peut-être cette étincelle de peur, d'inquiétude, qui ne se trouvait pas là les fois précédentes, lui intimait qu'elle ne mentait pas. Sa fille était une sorcière.
Les mois qui suivirent, Maureen et Juliet passaient des après-midi entières à parler magie, sorts, et Poudlard. Poudlard.. Qu'est-ce qu'elle pouvait en rêver ! Tout ce que sa mère lui avait raconté la faisait rêver. Elle n'avait que ce mot là à la bouche, chez elle. Elle voulait toujours en savoir plus. Tout savoir. Elle voulait y être, là, déjà, mais ce n'était pas possible. Elle ne pouvait pas encore. Elle n'avait que dix ans.. Que dix ans quand ses mères lui ont annoncé que sa mère biologique voulait reprendre contact avec elle. Lucy et Maureen ont eu du mal à lui annoncer, par peur que Juliet s'attache trop à sa mère biologique. Seulement, elles l'avaient fait, parce qu'elles s'étaient promit de ne jamais rien cacher à Esra, sur ce sujet. Mais elle n'a pas voulu. Elle avait trop peur d'affronter cette femme qui l'avait abandonnée. Elle ne voulait pas d'attaches modules. Elle rêvait de magie, d'escaliers mouvants, de philtres d'amour.. Avec des étoiles plein les yeux. Elle était une sorcière, et elle irait à Poudlard. C'était tout ce qui comptait. La seule chose qui comptait.
On y croit pas, on est heureux,
et plein d'étoiles dansant au fond des yeux.
Premier jour, grand jour. Immense jour. Si grand qu'elle avait vérifié dix fois ses affaires avant de partir. Maureen avait beau lui répéter que si elle avait oublié quelque chose, elle pourrait lui envoyer, Juliet voulait être prête, vraiment. D'ailleurs elle l'était. Elle allait enfin à Poudlard. Son plus grand rêve allait enfin se réaliser, elle ne serait plus la petite fille vivant parmi les moldus, mais la petite sorcière qui allait faire son premier jour à Poudlard. Alors qu'elle montait dans le train, alors qu'elle rangeait ses valises sur les étagères au-dessus des sièges, alors qu'elle se penchait par la fenêtre pour un dernier signe à l'attention de ses mère.. Elle était heureuse. Une boule d'angoisse au creux du ventre, mais heureuse. Elle avait douze ans, et le Poudlard Express se mettait en marche. Doucement mais sûrement, il gagnait de la vitesse et la jeune fille avait perdu ses mères de vues, elles s'étaient noyées dans la foule.. Alors elle s'est assise, ce sourire toujours aux lèvres.
La porte du compartiment dans lequel elle se trouvait, s'ouvrit brusquement, pourtant elle ne sursauta pas.
« Salut ! Je peux m'installer ici ? Les autres compartiments sont pleins à craquer .. Levant ses yeux noisettes vers le garçon qui venait d'entrer, elle hocha la tête. Il s'installa en silence, et elle en profita pour l'observer à la sauvette. Quand il s'en rendit compte, il lui sourit.
« Moi c'est Ezekiel, je suis en deuxième année ! Il lui tendit spontanément la main, qu'elle serra mimant un air solennel et ils éclatèrent de rire.
« Je suis Ju.. Esra. Son sourire s'élargit. En prenant ce train pour Poudlard, elle laissait l'innocente Juliet la moldue derrière elle. A partir de ce jour, elle était Esra, jeune sorcière.
« C'est seulement ma première année, j'ai hâte d'arriver au Château. Il lui sourit, se rappelant cette même impatience qu'il avait juste un an plus tôt.
Le Poudlard Express, c'était fascinant, mais ce n'était rien comparé à la première vue de Poudlard. Quand Ezekiel vit l'expression ébahit d'Esra, il en rit. Cela faisait toujours le même effet, surtout pour ceux qui n'avaient jamais vu le château en vrai. Lui-même avait du mal à contenir son excitation, elle le voyait bien. Lorsque les immenses portes s'ouvrirent elle était aux premières loges. Tout était grand, tout était beau, tout était.. Magique. Il n'y avait que ça, partout. De la magie, des sorts, des fantômes. Les peintures qui s'animaient, certaines qui vous surprenaient pour s'amuser de votre étonnement permanent. Car oui, tout était étonnant pour la jeune Esra. Même si sa mère lui avait raconté bon nombre de choses sur Poudlard, voir tout ça en vrai, c'était une toute autre histoire.
Mais il y avait autre chose, qui était totalement dingue quand on le vivait. La Répartition. Cette cérémonie, Esra la connaissait par cœur.. Dans les faits. On est appelé, on s'assoit sur ce fameux tabouret, et quelqu'un dépose le grand choixpeau magique sur le sommet de votre crâne. Et c'est là que tout se joue. C'est là que votre destin est scellé. Dans les faits, elle savait ce qu'il allait se passer.. Mais ce fut une autre histoire quand elle entendit son nom prononcé.
« Juliet Esra Hemerson ! Elle s'est retournée, jetant un regard à Ezekiel qui lui a sourit, faisant un signe de tête vers le tabouret. Alors Esra a prit une grande goulée d'air et s'est frayé un passage jusqu'à son destin. Elle s'est assise sur le tabouret, essayant de paraître la plus calme possible.. Essayant d'avoir l'air assuré. Essayant d'être une sorcière digne de ce nom.
Ce soir là, alors qu'elle entrait dans les dortoirs de sa maison, elle avait encore le sourire aux lèvres. Sourire dont elle ne parvenait pas à se départir. Comment aurait-elle fait ? Elle a ouvert sa valise.. Rangé ses affaires. Elle se sentait chez elle, à sa place. Poudlard serait sa deuxième maison. Elle avait enfin trouvé sa place. Lorsqu'il a fallut éteindre la lumière, elle a placé sa veilleuse sur sa table de chevet, comme lorsqu'elle était chez ses mères, et s'est assoupie rapidement. Tout était parfait.
On y croit pas, mais tout peut arriver,
Même tomber amoureux. Surtout tomber amoureux.
Quand on est jeune, qu'on a douze ans plus précisément, on à l'impression que tout est grand, immense, magique, beau.. On voit le bien partout et la vie nous le rend parfois. Mais au fil des ans, la vision du monde qu'avait Esra a changé. Tout le monde change, tout le monde évolue, ce qui nous entoure également. La demoiselle avait toujours bien travaillé. Elle voulait réussir, elle voulait prouver un tas de choses au monde.. Entre autres que même les nés moldus pouvaient s'en sortir.. Oui, tout le monde savait qu'Esra était une "sang de bourbe", dés la première année, elle en avait souffert. Malgré Ezekiel qui était toujours à ses côtés, elle s'était sentie seule et son rêve qu'était Poudlard s'était effondré. Sa mère l'avait prévenue, elle n'aurait pas du laisser son secret s'ébruiter.. Mais la jeune fille qu'elle était alors avait une confiance aveugle en ce qu'était l'Homme. Elle n'aurait pas dû. Et ce fut une erreur qu'elle ne répéta plus jamais.
Cette première année à Poudlard avait été une suite de mises à l'épreuve. Des serpentards, ou même d'autres élèves, qui lui donnaient envie de rester cacher au fond de ses couverture. Chaque fois qu'ils pouvaient, ils s'amusaient d'elle, lui foutant la honte. Et chaque fois, elle partait en courant, le rouge aux joues et les larmes qui s'échappaient malgré ses tentatives pour les retenir. Un jour -vers la fin de cette première année-, alors qu'elle allait sortir des toilettes des filles, trois élèves plus âgées qu'elle se sont interposées entre Esra et la porte. Quand la demoiselle a vu les regards entendus de ces filles, elle a comprit. Elle allait encore passer un mauvais moment. L'une d'elle a sortit sa baguette et sans plus d'égard, elle l'a ligotée, a attrapé sa baguette et l'a brisée.
« Les gens comme toi ne devraient même pas avoir le droit d'avoir une baguette.. Et puis, dans un mouvement théâtral, pensant avoir fait quelque chose de juste, elles se sont retournées et s'en sont allées, laissant la jeune Esra dans cette position inconfortable. C'était Ezekiel, qui comme toujours, l'avait sortie de là. Elle était tombée dans ses bras en pleurant. Elle ne voulait plus de tout ça. Elle voulait pouvoir sortir de son dortoir sans craindre une multitude de hontes et de mauvaises passes durant la journée.
« Eze' ? Elle était blottie contre lui, seul endroit où elle se sentait en sécurité.. Il était comme le grand frère qu'elle n'avait jamais eu, il tentait de la protéger comme il le pouvait.
« Oui ? « Je vais changer. Plus personne ne pourra me faire du mal. Il verront que je suis plus forte qu'eux. Et c'est ce qu'elle a fait, elle a commencé à changer. A cause de ces persécutions, elle est devenue quelqu'un d'autre. Elle a gagné en assurance, se forçant à répondre sans montrer ce qu'elle ressentait réellement, à ses tortionnaires. Elle a apprit quelques sorts de défenses, elle s'est mise à se venger. Elle a arrêté de trouver des excuses aux autres, pour leur comportement. Elle a arrêté d'être naïve, d'être faible. Elle s'est contrait à être forte, à affronter les choses. Et puis, l'histoire s'est répétée. Alors qu'elle revenait de l'entrainement de Quidditch -elle était alors en quatrième année- les trois filles qui l'avaient ligotée lui ont de nouveau coupé la route. Elles pensaient recommencer, elles pensaient qu'Esra se laisserait faire.. Mais avant même que l'une d'entre elles puisse lever sa baguette, la demoiselle les avaient ligotées et bâillonnées. Alors, à ce moment là, elle a sut qu'elle avait vraiment changé. Qu'elle se battrait toujours pour faire accepter son statut. Elle ne serait plus jamais l'innocente Esra. Quitte à les faire payer un par un, elle arriverait à faire accepter ce qu'elle était. Ce statut qu'elle n'avait pas choisit.
Mais elle n'était pas la seule à avoir changé. Ezekiel avait changé, lui aussi. Lui et Esra s'étaient éloignés. Alors que lui avait sa côte de popularité au top, et qu'il collectionnait les petites-amies, elle regrettait de ne plus l'avoir à ses côtés. Après tout s'était grâce à lui qu'elle avait eu le courage de prendre sa vie en main, il était comme son grand frère, il lui manquait.. Même si en réalité, elle ne le voyait plus vraiment comme un grand frère. Elle le voyait d'un oeil nouveau, depuis qu'ils s'étaient embrassés à cette petite fête. Il était bourré, elle non, et il l'avait embrassée. Elle savait que ce n'était rien pour lui, elle savait qu'elle était une fille parmi tant d'autres lorsque ça s'était passé.. Mais tout avait changé.
Seulement, elle ne pensait pas que tout ça, toute cette popularité, lui serait monté à la tête. Pas au point de faire ce qu'il avait fait. Elle avait seize ans, c'était enfin imposée, sa vie au château s'était bien améliorée.. Tout promettait de mieux se passer.. Sans compter sur quelques sangs purs qui voulaient lui faire payer ce qu'elle était. C'était l'hiver, il faisait froid, il y avait de la neige.. A cette période de l'année elle aimait pouvoir se réchauffer dans le fond de son lit, le soir. Se sentir en sécurité, sous ses draps.. Mais apparemment, elle ne l'était pas. Elle s'était endormie, tranquillement, sans se douter des évènements qui suivraient. Elle s'est réveillée dans les bois, les mains attachées dans le dos, des liens aux chevilles entravant ses mouvements. Un bandeau sur les yeux, elle sentait néanmoins le froid mordant, et l'écorce d'un arbre dans son dos. Son pyjama était trempé et la neige provoquait déjà des engourdissements dans ses pieds. Elle dû faire un effort surhumain pour passer ses bras en-dessous de ses pieds, et pouvoir enfin enlever le tissu qui lui bloquait la vue.. Elle aurait préféré ne pas se rendre compte d'où elle était. Elle était dans la forêt interdite, sans baguette.. Et surtout, dans le noir. Sa hantise.
Elle regardait autour d'elle, sursautant au moindre bruit qu'elle percevait, mais ne voyant pas grand chose, une nuit sans lune, quelle veine. Elle tentait de retirer les liens de ses pieds, mais ses mains, qui commençaient aussi à être engourdies par le froid, ne répondait pas comme elle le voulait à ses sollicitations. Elle ne tentait même pas de se lever, sachant pertinemment qu'elle ne pourrait avancer dans ces conditions. Comment aurait-elle fait ? Même si elle avait pu marcher, elle n'aurait pas su dans quelle direction aller. Elle était perdue, désorientée. Les larmes commençaient à couler sur ses joues. Elle se sentait comme la jeune Esra, celle qui était faible, fragile. Et elle ne pourrait jamais se venger.. Elle ne savait pas qui l'avait amenée ici.. Et elle ne le saurait certainement jamais. c'est ce qu'elle pensait, en tout cas.
Lorsqu'elle entendit des pas étouffés par la neige, elle retint sa respiration, elle envisageait déjà les scénarios les plus horribles, les plus catastrophiques.. Mais quand elle vit la lanterne illuminer le visage d'Ezekiel, elle eut un soupir de soulagement. Les larmes se multiplièrent. Il s'approcha d'elle, posa la lanterne sur le sol, et sortit sa baguette pour défaire ses liens.
« Aller, on rentre.. Lorsqu'il la prit dans ses bras, alors il se rendit compte d'à quel point elle était frigorifiée. Elle tremblait de tout ses membres et sa peau devait avoir la température d'un glaçon. Il se dépêcha de la ramener au château et une fois qu'il l'eut placée au chaud sous ses couvertures, il prononça alors quelques mots qui lui arrachèrent la bouche.
« Je suis désolé. Et il partit sans plus attendre. Oui, il était désolé, parce que c'était son idée. Il avait parlé avec quelques serpentards et avait lancé cette idée.. Seulement, il n'avait pas pensé une seule seconde qu'ils s'en prendraient à Esra.. Quand il l'avait découvert, il s'était rendu dans la forêt à sa recherche.. Et s'il l'avait retrouvée, s'était pas un incroyable coup de chance.
Le lendemain matin, elle avait un mot sur sa table de chevet. Il était revenu pour le déposer, elle reconnaissait son écriture.. Mais n'arrivait pas à croire qu'il ait put tracer de tels mots.
Tout est de ma faut, je suis désolé Es'.. Ça n'aurait jamais dû t'arriver à toi. Ils vont payer, et moi aussi. Je te le promets. Ce jour-là, quatre personnes furent convoquées pour être exclues pendant deux mois de l'école. Les quatre personnes responsables de ce qui était arrivé à Esra cette nuit là. Quatre personnes dont Ezekiel faisait parti. Lorsqu'elle est retournée dans son dortoir, elle était effondrée. Tout ce qu'elle avait pensé d'Ezekiel partait en fumée.. Sauf ses sentiments. Sentiments qui oscillaient entre amour et haine. La frontière était si mince entre les deux qu'elle avait même du mal à les différencier. Lorsqu'il est revenu en cours, il a voulu la voir.. A la bibliothèque, dans la salle commune, dans les couloirs.. Mais elle l'envoyait toujours balader. Elle ne voulait pas entendre parler de lui, et il a abandonné.
Cela faisait maintenant deux ans qu'elle serrait des dents quand elle le voyait, partagée entre l'envie de lui faire payer ce qu'il lui avait fait, et l'envie de lui pardonner. Elle ne voulait pas le haïr, mais après ça.. Même s'il était revenu la chercher, ça avait été trop loin. Elle aurait pu en crever. Elle aurait pu mourir d'hypothermie, tellement il faisait froid cette nuit là, tout ça parce qu'elle était née de parents moldus ? C'était insensé. Inconcevable, idiot. Pourquoi haïr quelqu'un à cause de son sang ? Mais en deux ans, elle avait comprit. Sa haine envers les sangs purs avait atteint son paroxysme. Juliet Esra Hemerson haïssait les sangs purs et avait bien l'intention de leur faire payer ce qu'ils lui avaient fait.