La nuit était depuis bien longtemps tombée sur les environs de Poudlard et la plupart des élèves, en bon petits sorciers obéissants, étaient déjà dans leur salle commune. Mais il y avait toujours des exceptions aux règles, n’est-ce pas ? Le jeune Aaron étouffait dans le château et il n’avait qu’une envie ; sortir, être un peu seul pour réfléchir. Il avait donc attendu que tout le monde soit dans les dortoirs pour s’éclipser discrètement de la grande pièce commune. Mais soudain, des bruits de pas se firent entendre derrière lui. Serrant les dents et maudissant d’avance cet intrus, il se retourna brusquement. Un petit morveux l’avait suivi jusqu’à la porte du dortoir et le regardait partir d’un air désapprobateur. Il menaçait d’aller le reporter au préfet des Serpentard. Aaron ne put s’empêcher de rire légèrement, puis poursuivit d’une voie plus dure.

_ Qu’est-ce que tu veux le mioche ? Et puis quoi encore, tu ferais perdre volontairement des points à ta maison?

Terrifié, il recula en tremblant et retourna au pas de course dans le dortoir des Serpentard. Aaron avait la réputation d’avoir mauvais caractère et d’être assez impulsif, alors tous savaient mieux qu’il ne fallait pas le chercher. La plupart des nouveaux l’avaient compris et semblaient intimidés par ce garçon de dix-neuf ans. Il aimait bien embêter les petits parfois, mais ce soir là il n’en avait aucune envie. Qu’ils lui foutent la paix et puis basta quoi ! Pas de temps à perdre avec ça. Une fois que l’emmerdeur fût parti, il se glissa hors du dortoir. Jetant un coup d’œil d’un côté et de l’autre du couloir, il ne vit personne. Tant mieux. Il marchait lentement dans ces lieux déserts, prenant soin de ne pas se faire prendre. Il savait qu’il risquait beaucoup en quittant l’enceinte du château le soir, mais à vrai dire il s’en fichait. Ce n’était pas comme si c’était la toute première fois qu’il faisait cela. Le jeune homme approchait rapidement de la sortie lorsqu’il entendit des bruits de pas. Il se cacha rapidement derrière une case et vit un professeur passé à quelques mètres de lui. Lorsqu’il fût certain qu’il n’y avait plus de danger, il reprit son chemin de plus belle. Il arriva finalement à l’extérieur et prit une profonde inspiration. Voilà une bonne chose de faite.

Il n’hésita pas sur la destination à prendre. Aaron avait une idée bien précise de l’endroit où il se rendait; la forêt interdite. Dehors, la nuit était froide. Un vent soufflait avec abstinence, léger mais suffisant pour être dérangeant. Heureusement, le jeune garçon avait pensé à mettre un pull et il ne souffrait donc pas trop du froid. Le ciel était d’un noir d’encre, la lune était cachée derrière d’épais nuages et les étoiles, à peine visibles. Seule quelques unes avaient eu la chance de pouvoir montrer leur éclat sans être cachées par ces boules grisâtres. Le Serpentard avançait sans hésitation dans l’ombre, connaissant bien le chemin. L’ayant emprunté assez souvent, il n’avait pas besoin d’utilisé le sort Lumos pour s’éclairer. Heureusement pour lui d’ailleurs, car cela aurait probablement alerté les surveillants à l’intérieur du château. Lorsque tout était noir à l’extérieur et que seul un point de lumière bougeait au loin, on n’avait pas à ce demandé bien longtemps qu’est-ce que cela pouvait être.

Il arriva finalement à l’orée de la forêt et s’arrêta quelques instants. Les arbres étaient immenses, peu commun. Lorsqu’Aaron était venu ici pour la première fois, il avait été très surpris. Il était encore très jeune à cette époque et ne connaissait absolument rien sur le monde magique. Il avait été élevé par des moldus, chose qui aujourd’hui le dégoutait. Ses parents étaient des sangs purs, comment avaient-ils pu faire une chose pareille ? Déjà qu’il ne les portait pas vraiment haut dans son estime puisqu’ils l’avaient abandonné, quand il avait appris ses réelles origines, il avait été outré. Mais tout cela était derrière lui, maintenant. En ce moment, tout ce qu’il voulait, c’était décompressé. Le sorcier s’aventura dans le petit sentier de cette immense forêt, marchant un peu au hasard. Tout était noir, glaciale et effrayant, un peu comme lui d’ailleurs. Cet endroit lugubre lui permettait de s’évader et de se retrouver seul avec lui-même. Même s’il se montrait toujours farouche et indépendant, il en avait besoin …

Un craquement se fit entendre derrière lui et il s’immobilisa brusquement. Il était suivi. Aaron en avait l’impression depuis un petit moment, mais il avait préféré croire que c’était sans doute le vent, ou un animal. Mais ce n’était visiblement pas le cas. Glissant la main dans sa poche, il en sortit sa baguette magique, qu’il avait toujours sur lui. Un magnifique objet fait de bois de houx, avec une plume de phœnix à l’intérieur. Aaron observa les alentours, prêt à l’utiliser s’il le fallait.

_ Qui est-là ?

Demanda-t-il d’une voix glaciale, détestant être suivi ou observer. Il n’était pas dans son assiette se soir et ce n’était pas tellement le temps de le déranger. Aaron était souvent d’humeur maussade et cassante, mais cette fois c’était pire. Depuis plusieurs jours, les cauchemars avaient commencés à le hanté à nouveau, toujours plus réels, plus vifs. Il revoyait le meurtre de Clotilde dans les moindres détails, comme si cela c’était passé hier. Pourtant, voilà plus d’une dizaine d’année que c’était terminé. Il n’avait que cinq ans lorsque cela c’était produit, mais il s’en voulait toujours autant de n’avoir rien pu faire. Il n’était qu’un gamin, il n’avait pas réellement conscience de ce qui se passait jusqu’à ce qu’il voit le sang, puis le visage horrifié de la nonne. Le visage d’Aaron se voila, plus sombre que jamais, alors qu’il scrutait les horizons pour voir qui est-ce qui l’avait suivi. Les personnes qui s’aventuraient dans la forêt interdite étaient rares, encore plus la nuit. Alors pourquoi avait-il fallu que sa tombe sur lui ? Certainement la seule personne qui souhaitait rester seule en ces lieux maudits et voilà qu’il fallait qu’il ai de la compagnie…