1971 – La rebelle
Isobel Avery était plongée dans son livre. C’était un livre dans lequel les dessins restaient figés. La princesse souriait. Son sourire était bienveillant. L’illustrateur avait poussé le vice jusqu’à dessiner des fossettes au creux de ses joues bien roses. Isobel semblait fascinée par ce qu’elle lisait. Mais il n’y avait pas que ce livre qui intriguait la jeune fille d’onze ans. Il s’agissait de toutes les facettes du monde moldu. Leurs inventions l’enchantaient, leur manière de s’habiller la laissait ébahie. Rendez-vous compte, les filles moldues portaient des pantalons ! Isobel rêvait. Elle rêvait du jour où elle aurait dix-sept ans et pourrait se rendre dans ce monde qui lui était étranger. Elle se voyait déjà porter des pantalons et ces collants près du corps dont elle ne se rappelait pas le nom. Elle se voyait utiliser une monnaie différente et apprendre à conduire l'une de ces énormes voitures qui fait beaucoup de bruit en passant devant les gens. Cependant elle savait pertinement que ses désirs étaient incompatibles avec les projets que sa famille avait pour elle.
La nuit était tombée et, dans la maison Avery, chacun dormait à l’exception d’Isobel qui lisait ce livre moldu qu’elle avait dissimulé à ses parents. Si Monsieur et Madame Avery connaissaient la passion d’Isobel pour les moldus, ils ne la toléraient cependant pas. A longueur de journée, Isobel s’entendait dire que les moldus étaient des êtres inférieurs qui ne méritaient pas qu’on s’intéresse à eux mais Isobel ne pouvait s’empêcher d’être fascinée. Cette fascination l’avait conduite à être répartie chez les Poufsouffles alors que depuis la nuit des temps, tous les membres de sa famille étaient admis chez les Serpentards. D’ailleurs, au château, l’enfant ne fréquentait que des sorciers aux sang-mêlés ou d’origine moldue. Elle avait même le béguin pour l’un d’entre eux. Isobel se retourna en soupirant. Vivement qu’elle ait dix-sept ans ! C’était là son vœu le plus cher. Elle ne comprenait pas l’aversion de ses parents pour les moldus. Pourtant ils étaient comme eux, non ? Tandis qu’elle ressassait ces pensées, Isobel finit par s’endormir.
1981 – L’amour d’un frère
Jonathan Avery froissa le rapport qu’il avait entre les mains. Malgré des mois de recherche l’unité magique spéciale dont il s’était payé les services n’était pas parvenue à mettre la main sur Isobel. Où était-elle ? Le jeune homme de vingt-cinq ans se laissa tomber dans son fauteuil. L’arrivée impromptue de son assistante lui apprit que le Département de la Justice Magique allait procéder au verdict du criminel jugé ce jour. Jonathan répondit d’un acerbe qu’il serait en retard. L’assistante referma la porte.
« Isobel, Isobel, Isobel… » Appela-t-il.
Le jeune homme passa ses mains dans sa chevelure brune. Il venait de perdre sa sœur de manière définitive. Il en voulait à ses parents de s’être montrer si obtus quand elle leur avait annoncé être tombée amoureuse d’un moldu. Bien sûr ça ne se faisait pas chez les Avery d’épouser autre chose qu’un sang-pur et ça se faisait encore moins de tourner le dos à sa famille. Le nom des Avery était maintenant entaché de manière définitive. Jonathan repensa à son père qui, pour faire bonne figure, avait annoncé publiquement le décès d’Isobel. Elle avait soi-disant chuté de sa Comète…
« Isobel, Isobel… » répéta le jeune homme pour lui-même.
Il revoyait ses boucles blondes voler autour de son visage pâle, l’éclat de ses yeux sombres et le rose de ses lèvres.
« Isoble, Isobel… »
Personne ne lui répondit à part le silence. Jonathan se redressa. Il affichait un air résolu. Jamais il ne renoncerait à la chercher. Elle était maligne et douée mais il l’était davantage et qu’importe le temps que cela prendrait. Il la ramènerait chez eux et tout redeviendrait comme avant. Pour Jonathan, il ne pouvait en être autrement. Sa petite soeur était seule et perdue quelque part où n'était pas sa place. Il saurait se la réapproprier...
Un nouveau coup sec fut frappé à sa porte. Son assistante insistait. Jonathan quitta la pièce. Sur son bureau, une photo montrait Isobel à l’âge de quinze ans courir après son frère et finir par le rattraper.
1991 – L’enfant indésiré
« Jonathan, on ne peut pas garder cet enfant ! » s’écria Delilah Avery
La jeune femme au visage trop allongé pour être jolie se tenait droite comme un « i » devant son époux. Ses yeux jetaient des éclairs. De temps en temps, ils se posaient sur l’enfant âgé de quelques mois à peine qui dormait profondément. Au moins, il avait arrêté de pleurer. Delilah n’en voulait pas chez elle, même s’il s’agissait de son neveu. Son mari ne lui laissa pas le choix.
« Si, on peut ! J’ai décidé pour nous tous ! »
Delilah jeta un regard venimeux au bébé. Comme son époux pouvait-il préférer ce « truc » à son propre enfant qui devait naître d’ici quelques semaines ? Un enfant au sang-pur, aux origines nobles. Et pas un infâme rejeton dont le sang venait d’on ne sait où ! Delilah pleura, couina, supplia Jonathan de se débarrasser du petit garçon. Avery se montra inflexible.
« Bien. Il peut rester. Mais ne me demande pas de l’aimer ! Ta pauvre sœur a choisi de renier sa famille, cet enfant ne devrait même pas être là. Il me dégoute. Jamais il… » vociféra-t-elle.
La gifle partit d’un coup. Jonathan n’avait même pas réfléchi à son geste. Il aimait sa femme mais ne lui permettrait jamais d’insulter Isobel devant lui.
« L’enfant reste et tu l’élèveras comme s’il était le tien ! Tu m’entends ? Personne, personne ne doit jamais savoir que cet enfant est un sang-mêlé. Nous l’élèverons comme le notre. »
Delilah se redressa farouchement. Elle défia son mari du regard mais celui-ci resta inflexible. Elle appela à grand cri l’elfe de maison et lui demanda d’emporter l’enfant loin d’elle. Elle l’avait suffisamment vu pour aujourd’hui.
« Tu peux m’obliger à l’élever Jonathan mais jamais tu ne me forceras à l’aimer ! »
2001 – L’ambitieux
Peers s’étira. Il n’avait pas envie de se lever. La voix de sa mère, Delilah Avery, lui parvint. Elle semblait houspiller l’elfe de maison. Encore une fois, elle était d’une humeur massacrante. Peers enfouit sa tête sous sa couette. Le mois de Juillet venait de commencer et l’été lui semblait déjà interminable car à la rentrée, il serait à Poudlard. Poudlard, le lieu de ses rêves. Le garçon de dix ans s’imaginait déjà vivre au château et surtout, il s’imaginait déjà quitter le giron familial. Son père, Jonathan Avery, était souvent absent, quant à sa mère… Eh bien. Elle n’était même pas sa mère. Depuis dix ans, Jonathan et Delilah élevaient Peers comme leur fils aîné. C’était ainsi qu’ils le présentaient à leur famille et à leurs amis mais Peers savait qu’il n’était pas véritablement leur fils. Une nuit, il les avait entendus se disputer. Delilah criait. Elle disait qu’elle ne supportait plus de voir Peers grandir et Jonathan lui accorder bien plus d’attention qu’il n’en portait à ses filles légitimes. Peers n’était pas stupide. Delilah avait toujours été froide et distante avec lui. Désormais, il savait pourquoi. Quelle menteuse. Et dire que lorsqu’ils recevaient des amis ou des relations de travail de Jonathan, elle osait dire avec un grand sourire « Peers, notre fils aîné ». Menteuse. Peers n’avait pas tout de suite compris qui étaient ses véritables parents. Il ne fit le rapprochement que plus tard lorsque sa folle de grand-tante Rosalie lui dit lors d’un repas de Noël : « ta mère, Isobel, n’était qu’une tête brûlée ! » Rosalie avait la fâcheuse habitude de toujours trop abuser de la bouteille… Mais pour Peers, la vérité fut dévoilée. Mais cela n’arrangea pas le complexe d’infériorité qu’il éprouvait en permanence face à ses quatre sœurs (ou cousines). L’enfant se sentit rejeter. Ses véritables parents l’avaient abandonné. Il savait désormais qu’il ne pouvait compter que sur lui-même et il se jura de prendre un jour sa revanche. Il n’attendait plus qu’une chose : Poudlard.
Isobel Avery était plongée dans son livre. C’était un livre dans lequel les dessins restaient figés. La princesse souriait. Son sourire était bienveillant. L’illustrateur avait poussé le vice jusqu’à dessiner des fossettes au creux de ses joues bien roses. Isobel semblait fascinée par ce qu’elle lisait. Mais il n’y avait pas que ce livre qui intriguait la jeune fille d’onze ans. Il s’agissait de toutes les facettes du monde moldu. Leurs inventions l’enchantaient, leur manière de s’habiller la laissait ébahie. Rendez-vous compte, les filles moldues portaient des pantalons ! Isobel rêvait. Elle rêvait du jour où elle aurait dix-sept ans et pourrait se rendre dans ce monde qui lui était étranger. Elle se voyait déjà porter des pantalons et ces collants près du corps dont elle ne se rappelait pas le nom. Elle se voyait utiliser une monnaie différente et apprendre à conduire l'une de ces énormes voitures qui fait beaucoup de bruit en passant devant les gens. Cependant elle savait pertinement que ses désirs étaient incompatibles avec les projets que sa famille avait pour elle.
La nuit était tombée et, dans la maison Avery, chacun dormait à l’exception d’Isobel qui lisait ce livre moldu qu’elle avait dissimulé à ses parents. Si Monsieur et Madame Avery connaissaient la passion d’Isobel pour les moldus, ils ne la toléraient cependant pas. A longueur de journée, Isobel s’entendait dire que les moldus étaient des êtres inférieurs qui ne méritaient pas qu’on s’intéresse à eux mais Isobel ne pouvait s’empêcher d’être fascinée. Cette fascination l’avait conduite à être répartie chez les Poufsouffles alors que depuis la nuit des temps, tous les membres de sa famille étaient admis chez les Serpentards. D’ailleurs, au château, l’enfant ne fréquentait que des sorciers aux sang-mêlés ou d’origine moldue. Elle avait même le béguin pour l’un d’entre eux. Isobel se retourna en soupirant. Vivement qu’elle ait dix-sept ans ! C’était là son vœu le plus cher. Elle ne comprenait pas l’aversion de ses parents pour les moldus. Pourtant ils étaient comme eux, non ? Tandis qu’elle ressassait ces pensées, Isobel finit par s’endormir.
1981 – L’amour d’un frère
Jonathan Avery froissa le rapport qu’il avait entre les mains. Malgré des mois de recherche l’unité magique spéciale dont il s’était payé les services n’était pas parvenue à mettre la main sur Isobel. Où était-elle ? Le jeune homme de vingt-cinq ans se laissa tomber dans son fauteuil. L’arrivée impromptue de son assistante lui apprit que le Département de la Justice Magique allait procéder au verdict du criminel jugé ce jour. Jonathan répondit d’un acerbe qu’il serait en retard. L’assistante referma la porte.
« Isobel, Isobel, Isobel… » Appela-t-il.
Le jeune homme passa ses mains dans sa chevelure brune. Il venait de perdre sa sœur de manière définitive. Il en voulait à ses parents de s’être montrer si obtus quand elle leur avait annoncé être tombée amoureuse d’un moldu. Bien sûr ça ne se faisait pas chez les Avery d’épouser autre chose qu’un sang-pur et ça se faisait encore moins de tourner le dos à sa famille. Le nom des Avery était maintenant entaché de manière définitive. Jonathan repensa à son père qui, pour faire bonne figure, avait annoncé publiquement le décès d’Isobel. Elle avait soi-disant chuté de sa Comète…
« Isobel, Isobel… » répéta le jeune homme pour lui-même.
Il revoyait ses boucles blondes voler autour de son visage pâle, l’éclat de ses yeux sombres et le rose de ses lèvres.
« Isoble, Isobel… »
Personne ne lui répondit à part le silence. Jonathan se redressa. Il affichait un air résolu. Jamais il ne renoncerait à la chercher. Elle était maligne et douée mais il l’était davantage et qu’importe le temps que cela prendrait. Il la ramènerait chez eux et tout redeviendrait comme avant. Pour Jonathan, il ne pouvait en être autrement. Sa petite soeur était seule et perdue quelque part où n'était pas sa place. Il saurait se la réapproprier...
Un nouveau coup sec fut frappé à sa porte. Son assistante insistait. Jonathan quitta la pièce. Sur son bureau, une photo montrait Isobel à l’âge de quinze ans courir après son frère et finir par le rattraper.
1991 – L’enfant indésiré
« Jonathan, on ne peut pas garder cet enfant ! » s’écria Delilah Avery
La jeune femme au visage trop allongé pour être jolie se tenait droite comme un « i » devant son époux. Ses yeux jetaient des éclairs. De temps en temps, ils se posaient sur l’enfant âgé de quelques mois à peine qui dormait profondément. Au moins, il avait arrêté de pleurer. Delilah n’en voulait pas chez elle, même s’il s’agissait de son neveu. Son mari ne lui laissa pas le choix.
« Si, on peut ! J’ai décidé pour nous tous ! »
Delilah jeta un regard venimeux au bébé. Comme son époux pouvait-il préférer ce « truc » à son propre enfant qui devait naître d’ici quelques semaines ? Un enfant au sang-pur, aux origines nobles. Et pas un infâme rejeton dont le sang venait d’on ne sait où ! Delilah pleura, couina, supplia Jonathan de se débarrasser du petit garçon. Avery se montra inflexible.
« Bien. Il peut rester. Mais ne me demande pas de l’aimer ! Ta pauvre sœur a choisi de renier sa famille, cet enfant ne devrait même pas être là. Il me dégoute. Jamais il… » vociféra-t-elle.
La gifle partit d’un coup. Jonathan n’avait même pas réfléchi à son geste. Il aimait sa femme mais ne lui permettrait jamais d’insulter Isobel devant lui.
« L’enfant reste et tu l’élèveras comme s’il était le tien ! Tu m’entends ? Personne, personne ne doit jamais savoir que cet enfant est un sang-mêlé. Nous l’élèverons comme le notre. »
Delilah se redressa farouchement. Elle défia son mari du regard mais celui-ci resta inflexible. Elle appela à grand cri l’elfe de maison et lui demanda d’emporter l’enfant loin d’elle. Elle l’avait suffisamment vu pour aujourd’hui.
« Tu peux m’obliger à l’élever Jonathan mais jamais tu ne me forceras à l’aimer ! »
2001 – L’ambitieux
Peers s’étira. Il n’avait pas envie de se lever. La voix de sa mère, Delilah Avery, lui parvint. Elle semblait houspiller l’elfe de maison. Encore une fois, elle était d’une humeur massacrante. Peers enfouit sa tête sous sa couette. Le mois de Juillet venait de commencer et l’été lui semblait déjà interminable car à la rentrée, il serait à Poudlard. Poudlard, le lieu de ses rêves. Le garçon de dix ans s’imaginait déjà vivre au château et surtout, il s’imaginait déjà quitter le giron familial. Son père, Jonathan Avery, était souvent absent, quant à sa mère… Eh bien. Elle n’était même pas sa mère. Depuis dix ans, Jonathan et Delilah élevaient Peers comme leur fils aîné. C’était ainsi qu’ils le présentaient à leur famille et à leurs amis mais Peers savait qu’il n’était pas véritablement leur fils. Une nuit, il les avait entendus se disputer. Delilah criait. Elle disait qu’elle ne supportait plus de voir Peers grandir et Jonathan lui accorder bien plus d’attention qu’il n’en portait à ses filles légitimes. Peers n’était pas stupide. Delilah avait toujours été froide et distante avec lui. Désormais, il savait pourquoi. Quelle menteuse. Et dire que lorsqu’ils recevaient des amis ou des relations de travail de Jonathan, elle osait dire avec un grand sourire « Peers, notre fils aîné ». Menteuse. Peers n’avait pas tout de suite compris qui étaient ses véritables parents. Il ne fit le rapprochement que plus tard lorsque sa folle de grand-tante Rosalie lui dit lors d’un repas de Noël : « ta mère, Isobel, n’était qu’une tête brûlée ! » Rosalie avait la fâcheuse habitude de toujours trop abuser de la bouteille… Mais pour Peers, la vérité fut dévoilée. Mais cela n’arrangea pas le complexe d’infériorité qu’il éprouvait en permanence face à ses quatre sœurs (ou cousines). L’enfant se sentit rejeter. Ses véritables parents l’avaient abandonné. Il savait désormais qu’il ne pouvait compter que sur lui-même et il se jura de prendre un jour sa revanche. Il n’attendait plus qu’une chose : Poudlard.